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critique littéraire

girl-160172_640J’ai lu…

simon boulerice

J’ai découvert dernièrement, grâce à ma stagiaire, Émilie, l’auteur Simon Boulerice. Il est un touche à tout: théâtre, poésie, romans, mis en scène, comédie et danse. Il écrit autant pour les enfants, les adolescents que les adultes. Son écriture d’une finesse rare et d’un humour décapant touche des thèmes très actuels: le culte du corps, l’anorexie masculine, l’intimidation, l’homophobie, la solitude, l’amour à sens unique…

Jeanne Moreau a le sourire à l’envers, raconte l’histoire de Léon, adolescent de 15 ans qui s’ennuie de sa vie de banlieusard et d’élève bien ordinaire dans sa polyvalente.  Il a un grave problème lui procurant  un nombre incalculables de nuits blanches: son cuir chevelu produit des pellicules  au même rythme qu’une machine à neige. De pljeanne moreau a le sourire à l'enversus, il  entretient une correspondance crayon -papier (c’est beaucoup plus romantique) avec Léonie qui mène une vie beaucoup plus trépidante à Lévis. Il y a aussi Carl, son meilleur ami, terre à terre qui  lui, ne s’inquiète pas à de questions  existentielles s comme les problèmes capillaires de Léon. Se trouve également, terré dans le sous-sol, le grand frère cégépien qui étudie en cinéma. Antoine, regarde en boucle des films de la Nouvelle vague, pas si nouvelle que ça après tout. Léon admire son frère, grand géni, bolé, cultivé si sage ,  qui se montre toujours à l’écoute et réconfortant envers lui, le petit fréro. Mais, Antoine cache un secret, un lourd secret qui bouleversera  le train-train de toute la famille et la vie monotone de Léon. Mais quel est ourd secret?  Qui est cette Jeanne Moreau? Pourquoi son frère devient peu à peu l’ombre de lui même.

 Elle et lui, le dernier roman de Marc Levy se lit d’un trait. Ce livre, on le dévore, mais après sa lecture, on continue à le savourer. Ce roman tourne autour de l’amitié, l’amitié entre un homme et une femme, l’amitié entre hommes, entre femmes, l’amitié de longue durée, l’amitié récente, bref l’amitié dans tous ses états.Marc-Levy-Elle-et-Lui

Paul Barton est un architecte qui écrit un premier roman remportant un immense succès. Désarmé par ce succès inattendu, il quitte San Francisco pour Paris où il se consacre entièrement à l’écriture. Il se fait tout petit et vit discrètement et modestement. Il se sent seul.

Mia, étoile montante du cinéma britannique, aimée et adulée du public est malheureuse en amour. Son couple bat de l’ail. Elle veut fuir la vie publique et sa vie tout court. Elle se cache donc à Paris. Elle se sent seule aussi.

Un site de rencontres les réunit. Ils deviennent amis et ils sont propulsés bien malgré eux dans toutes sortes d’histoires et d’aventures surprenantes, drôles et rocambolesques. Comme lecteurs, on les suit sans hésitation.

Elle et lui est une très jolie romance moderne. Les personnages sont attachants et les dialogues, très présents, sont délicieux. Un roman drôle, touchant et léger qui se lit facilement. Un beau moment de détente en perspective.

 

La Frabrica de Marilyne Fortin

Marilyne Fortin, jeune auteure de l’Estrie, apparait sur la liste des finalistes pour les prix littéraires du Gouverneur général 2015 pour son premier roman, La Fabrica.maryline Fortin

Ce roman raconte l’histoire de Blaise, enfant vivant dans un milieu pauvre et violent. Son père défabricacide de le vendre à un peintre afin de se faire de l’argent rapidement. Blaise devient donc un apprenti peintre et aspire à devenir un artiste accompli, mais à la mort de son maître, il tombe dans les mains d’un chirurgien manipulateur et intransigeant qui l’utilise pour illustrer son fameux traité d’anatomie, La Fabrica. Blaise passe ainsi de longues heures devant des cadavres lors de fastidieuses séances de dissection et doit aussi se livrer à un marché illégal, soit la cueillette de cadavres encore frais dans les cimetières de Paris. Malgré tout, Blaise fera la rencontre d’une jeune prostituée qui égayera peu à peu sa vie sombre et il sentira à nouveau rejaillir sa flamme d’artiste. Peut-être qu’enfin le mauvais sort s’éloignera de lui.

Avec ce premier roman, Marilyne Fortin réussit une belle reconstitution historique par la description juste et rigoureuse de l’époque et des lieux. Elle nous transporte au début de la renaissance en 1539. On assiste à des séances de dissection comme si on y était, ou presque! On ressent l’ambiance oppressante des lieux et le désarroi des personnages. Personnages plus grands que nature, mais attachants. La vie et les mœurs de l’époque sont évoquées avec finesse. L’histoire à la fois originale et surprenante nous captive jusqu’à la fin.

Marilyne Fortin, méticuleusement documentée, offre ici un roman à la fois bien construit et superbement bien écrit. Elle possède un talent indéniable et une belle plume. Ce roman traite habilement et avec sensibilité d’un sujet inusité, l’apprentissage du corps humain à une époque où la technologie moderne n’existait pas. Un roman et une nouvelle auteure à découvrir.

 

Rue Wellington de Louis Gosselin

Le lieutenant-détective Gilles Leblanc de la Sûreté du Québec prendra sa retraite très bientôt, en fait, demain il pourra faire ce qu’il voudra de son temps. Mais voilà qu’un meurtre sordide est commis. L’expérience et le savoir-faire de Leblanc est demandés. Il accepte sa dernière, mais vraiment sa dernière mission. Mission qui le mènera à Sherbrooke, plus précisément au centre-ville. Une chasse à l’homme s’engage. Le détective veut vraiment mettre la main sur le tueur qui sévit derue wellington plus en plus. Le lecteur ne fait pas que poursuivre l’assassin, mais il se retrouve dans la tête de celui-ci. Il apprend ce qui motive le tueur.  Le meurtrier est manipulateur, habile et en plus, charismatique. Il a l’air du bon samaritain, de monsieur tout le monde, qui déambule discrètement parmi la foule. Il peut être le voisin, le caissier au dépanneur du coin, le chansonnier d’un sympathique café-terrasse.  Comment Leblanc finira-t-il par lui mettre la main au collet? L’intrigue est captivante jusqu’à la toute fin. L’écriture est simple et claire. Les nombreux dialogues sauront amadouer les lecteurs récalcitrants. Les lecteurs qui connaissent bien Sherbrooke se retrouveront vite dans les lieux décrits. Ils auront vraiment l’impression d’y être et auront l’impression aussi  d’accompagner ou d’être carrément dans la peau du meurtrier. Brrr…frissons garantis.

C’est un premier polar pour Louis Gosselin, journaliste de profession et présentement chargé des communications à la ville de Sherbrooke. Dans une interview donnée au journal Internet Estrie.com., il affirme que c’est en assistant à un à un spectacle  qu’il a été inspiré pour la rédaction  de son roman : « Pendant le spectacle, j’ai eu un flash et je me suis imaginé qu’un musicien de bar, qui n’avait pas beaucoup de succès, pouvait tout à coup devenir violent et avoir des pensées meurtrières ». Aussi, dans Rue Wellington, monsieur Gosselin met en scène la relation entre le service de police, les journalistes, les relationnistes et les enquêteurs.  L’auteur a effectué un travail de moine pour écrire son histoire, il s’est informé auprès de policiers et d’enquêteurs pour savoir comment ils effectuaient leur travail, mais il a aussi interrogé des médecins, des avocats, des journalistes qui jouent tous un rôle important, de loin ou de près, quand un meurtre est commis. Gosselin voulait s’assurer de la véracité des détails de l’intrigue.

Rue Wellington. 320 pages

La Bête à ma mère de David Goudreault

On connait bien David Goudreault, au centre St-Michel. Il nous a slammé ça à quelques reprises à la cafétéria et chaque fois, il a su réveiller et enflammer la foule d’étudiants quelque peu endormie ou sous l’effet hypnoDavid Boudreaulttisant  du téléphone cellulaire!

David Goudreault s’est dernièrement mérité le prix Archambault accompagné d’une bourse de 10 000$ pour son premier roman La bête à ma mère. Il fait du chemin notre David! Et c’est tout un roman. Un roman coup de poing, comme on dit. L’histoire commence de façon abrupte:  « Ma mère se suicidait souvent. Elle a commencé toute jeune, en amatrice. Très vite, maman a su obtenir la reconnaissance des psychiatres et les égards réservés aux grands malades. Pendant que je collectionnais des cartes de hockey, elle accumulait les diagnostics. » Un livre qui émeut, qui secoue, qui dérange. Bref, un livre qu’il faut lire. On accompagne, tout au long du roman, un enfant qui doit vivre avec sa mère névrosée et autodestructrice. Le lecteur suit le parcours de cet enfant seul, déchiré, sans repère qui tire dans tous les sens. Cet enfant sans nom,  aussi le narrateur du roman,  plonge le lecteur dans son monde de violence, de délire et de folie. Enfant  » barrouetté » par la vie, il apprend vite à déjouer les règles de la société: C’est comme s’il la boudait en disant “vous n’avez pas voulu de moi et vous ne voulez pas me faciliter la vie, ben mangez de la marde”.»

David Goudreault affirme qu’il ne s’est pas tellement inspiré de son vécu personnel, mais plutôt de son vécu professionnel entant que travail social. Il a permis à son personnage des réflexions bien senties sur la société  d’aujourd’hui. Même si son personnage est « à côté de la track », qu’il vit dans un monde irréel, il met quand même  le doigt sur certaines vérités.

La bête à sa mère. David Goudreault. Stanké. 232 pages.